Le gaspillage alimentaire à l’école et ce qu’il symbolise
Par Maeve BOUCHEZ
Edité par Katja SKYLV
De nos jours, certains comportements sont devenus socialement inacceptables. Être en état d’ivresse au volant, jeter des ordures par terre, fumer pendant la grossesse… Cela dit, il ne faut pas aller chercher loin pour en observer un autre en particulier.
Des élèves riant autour de tables jonchées de plats à moitié inachevés, des plateaux dans les chariots de débarrassage débordant encore de nourriture, le contour de la poubelle à déchets organiques encrassée de restes d’assiettes mal-vidées. Non seulement sont-elles un manque de respect absolu envers le personnel d’entretien et de nettoyage de l’école, mais ces tendances au gaspillage alimentaire représentent un problème écologique majeur.
Mis à part leurs quelques incertitudes vis-à-vis des cookies, la plupart des élèves reconnaissent une nette amélioration de la qualité de la restauration scolaire depuis l’arrivée du nouveau fournisseur, Sodexo, cette année. Alors comment se permettre de gaspiller cette nourriture pourtant meilleure qu’auparavant ?
Accusons le goût du repas ou bien la générosité de la portion, le défaut de temps pour la terminer ou l’abondance de distractions ; ces excuses perdent toutes de leur légitimité lorsqu’elles sont opposées au prix même de se nourrir aujourd’hui.
Chaque aliment traine un chalut d’émissions de gaz à effet de serre derrière lui. De sa production, à sa transportation, en passant par son conditionnement, des quantités colossales de ressources précieuses sont sollicitées, dont l’eau notamment. En effet, selon les chiffres de l’ONU, 72% des prélèvements d’eau sont utilisés pour l’agriculture. De plus, ces exploitations agricoles intensives qui s’étendent sur des milliers d’hectares contribuent à la déforestation et menacent la survie d’écosystèmes. Tout cela pour que cette nourriture finisse finalement dans les déchèteries, à putréfier en masse dans une fumée de méthane.
Et puis, il y a un coût financier à considérer. La précarité touche également le Luxembourg. Lutter contre le gaspillage alimentaire, c’est donc aussi lutter contre la faim.
De nombreuses solutions existent pour remédier au gaspillage alimentaire (demander une plus petite portion, partager avec ses amis, apporter son propre déjeuner, emporter les restes dans des récipients du domicile si le plat nous plait, etc…). Cependant, Sodexo est avant tout une entreprise, qui vit et qui fait vivre ses salariés à travers l’argent dépensé par ses clients. Car dès qu’un élève met le pied dans la cantine, il n’est plus élève, mais consommateur, pour qui chaque achat le rend d’autant plus responsable.
Ce sont les habitudes de consommation qui nuisent à la planète et aux hommes. Malheureusement, tant que l’accoutumance et la commodité l’emporteront sur l’éthique d’une pratique, rien ne pourra faire évoluer la situation. Par exemple, malgré l’installation de fontaines à eau dans le réfectoire de l’école (et sans compter que l’eau du robinet dans les salles de classes est potable elle aussi), une grande partie des élèves achètent encore des bouteilles en plastique en vente dans les distributeurs et à la cafétéria. Des eaux gazeuses ou qui se prétendent être « riches en vitamines », alors que presser un citron dans un verre d’eau normal en reviendrait au même. Des bouteilles d’eau abandonnées par la suite sur des chaises et des tables, pour être ramassés par une équipe de héros nettoyeurs qui ne se plaignent jamais.
Pour conclure, tous les dispositifs à grande échelle que l’école et Sodexo pourraient instaurer afin de limiter notre impact sur l’environnement (diminution des quantités produites, dons de nourriture, déviation de nourriture vers l’élevage, compost) ne valent rien si les comportements individuels ne changent pas. Remettre en question ses décisions et admettre ses erreurs, c’est bien. Mais ne plus les commettre, c’est mieux.